lundi 22 novembre 2010

YULES _ "STRIKE A BALANCE"

C’est en 1999 à Lure que le groupe Yules voit le jour, sous les traits de deux frères, Bertrand et Guillaume Charret. Leur 1er album, « The Release » sort en 2007 et est fort bien accueilli par la critique. Ils remettent ça aujourd’hui avec un nouvel album fraichement pressé, « Strike a balance » (sortie nationale le 25 octobre dernier) dont le single « Absolute Believer » ,qui ouvre par ailleurs cet opus, a été tourné en clip par notre cher et tendre Benjamin Lemaire, connu pour beaucoup en temps que photographe pour le webzine musical Le Transistor.

Ce second opus « Strike a balance » mélange à la fois guitares folk, instruments classiques, rythmes entrainant tout droit venus de la côte ouest américaine, harmonica roots…. Et tout cela fait de lui,avant toutes choses, un concentré d’émotions comme on les aime et comme il est de plus en plus rare d’en trouver.

« Absolute believer » ouvre en grande pompe une succession de 10 morceaux qui vous transportent dans des souvenirs, des moments de doutes, d’interrogations et de peur qui vous accompagnaient dans votre tendre jeunesse et surgissent, aujourd’hui encore profitant d’un moment de faiblesse pour vous hanter. Des textes poignants et profonds, qui touchent aux choses de la vie, le tout avec avec une certaine croyance et une certaine foi omni présente.

Dans « Everlasting child », adressée à Ricky, le contraste paroles-musique est mis en avant : alors que l’on aborde l’intarissable sujet des questions existentielles auxquelles les hommes se retrouvent confrontés au court de leur vie et de la façon dont l’insouciance d’un enfant peut être bénéfique et regrettée , la musique qui l’accompagne est celle toute simple et fraiche d’une chanson enfantine, avec un petit air qui vous entre dans la tête telle les comptines d’antant.

« Life as a race », en opposition à son titre, est la plus calme de toutes. Elle met le doigt sur cette vie que l’on veut à tout prix vivre trop vite et qui nous mènera tout aussi rapidement à la mort. Et ils ont su, grâce à leurs instrumentations, transmettre cette approche de la fin qui se rapproche toujours plus vite, par une superposition des bandes : simple guitare sur laquelle s’ajoute la voix, bientôt suivit par une seconde, le xylophone, le piano, un crescendo énorme et retenu à la fois, et cette montée en puissance, toujours plus poignante, étouffante, qui finalement se termine par quelques simples notes de piano.

On retrouve à travers les morceaux, les cordes qui, comme un fil conducteur nous emmènent et marquent ce style si particulier de folk émouvante et classique : « Absolute believer », où elles se mêlent les unes aux autres ainsi qu’avec les différentes parties chantées, de telle sorte qu’il n’en devient presque plus possible de suivre chacune de leur ligne mélodique ; « The defeats that were turning into gold » où un thème au violon particulièrement expressif se détache avant de rejoindre les cordes pour implanter l’harmonie sur chaque temps, parallèlement au piano, suivit du violoncelle qui reprend le rôle du soliste. Une justesse absolue, d’autant plus absolue dû au frottement de seconde, dont ressort une sorte de pureté solennelle.

Des harmonies d’une infime richesse d’un bout à l’autre nous accompagne durant ce chemin de dix morceaux qui nous parait si court : des enchainements surprenants d’accords Majeurs, minorisés et enfin diminués pour plus de dramatisme dans « Everything she does is blessing », où piano et batterie se fondent dans une rondeur et une grandeur de son à la Queen, et où malgré un tempo pourtant assez lent, une énergie bien présente se fait sentir. Des modulations inattendues dans « Salvation », une grille stricte dans « Hopeful Bells » mais où cette fois la voix se permet sur la fin une ligne mélodique approximative et plus ou moins improvisée. Dans « Angel of ice », alors que la fin est arrivée, la voix reprend de plus belle, partant dans une toute autre tonalité, suivit au loin par des cris d’enfants.

Mais voilà, le chemin parcourut aux côtés de Yules semble toucher à sa fin, et ils concluent cet opus par « Until the end of the road », avec une rythmique pointée et sautillante délicatement posée sur une harmonie pourtant grave. Les paroles parlent d’elles-même : « I think that I can close my eyes now”.

Un petit bijou de la musique à se procurer d’office si vous cherche une nouvelle B.O à votre vie de tous les jours pour accompagner vos états d’âme, pour vous remémorer des souvenirs révolus, ou tout simplement pour apprécier de la bonne, très bonne musique.


Yules sera en concert ce mercredi 24 novembre au Buzz, en compagnie de Kandid et Clint is gone. Be there !